dimanche 1 octobre 2017

Blabla point 7


Pendant sept jours, les langues se délient pour parler avec passion des femmes mangakas, ces artistes que vous vous devez de connaître... 





Amai : Cette question est difficile si on ne veut pas tomber dans les réponses convenues ou bien dans le cliché. J’imagine que cela dépend du point de vue. Par exemple, si l’on cherche à mettre tous les genres sur un pied d’égalité, on dira qu’il ne faut pas qu’elles se démarquent des hommes. Ça irait dans le sens de la question cinq, pour arriver à mettre les genres de côté afin de s’intéresser uniquement aux qualités de l’œuvre. Mais si à l’inverse on cherchait à mettre en lumière des qualités que l’on retrouve dans des mangas dessinés par des femmes, pour moi ce serait la subtilité. Qu’elle soit scénaristique ou bien graphique, je trouve que les femmes apportent une part de profondeur secrète que les hommes n’ont pas. On remarque beaucoup cela en littérature puisque les japonais ont une tendance naturelle à la subtilité. 

Amélie : Bien sûr ! Ça peut-être un détail, par exemple le soin apporté aux tenues des personnages (motifs, accessoires etc…). Nous voyons les choses différemment. Pour un homme tel acte peut se révéler sans importance, alors que pour une femme il peut au contraire, avoir du poids et inversement. Enfin, je dirais que les mangas écrits et dessinés par des femmes dégagent tous une sorte d’’aura qui n’appartient qu’a eux.

Anne Cerise : Si j'aime essentiellement des femmes mangakas ce n'est probablement pas un hasard. Bien sûr je lis beaucoup de BL et autres romances, genres essentiellement écrits par des femmes. Mais presque tous les mangas d'aventure / action parmi mes favoris sont aussi issus de leurs esprits : Pandora Hearts, Fullmetal Alchemist, X-1999, Tsubasa Reservoir Chronicle, Fushigi Yugi, Blue Exorcist, Les enfants de la Baleine... Elles savent aussi partir sur des terrains enchanteurs, poétiques ou sensibles qui me font rêver ou m'émeuvent, comme avec The Ancient Magus Bride, Chobits, A silent voice ou Orange. Je pense qu'elles apportent une sensibilité différente, tant sur le fond de l'histoire que pour les personnages, quelque chose de nuancé qui me touche car je déteste le manichéisme. Évidemment c'est une impression générale, j'ai des contre-exemples à la pelle dans les deux sens (des aventures écrites par des femmes que je trouve cliché ou des histoires sensibles écrites par des hommes qui m'ont fait pleurer), mais ils semblent que les mangakas féminines sachent globalement toucher mon coeur.

© Aya Kanno (Le requiem du roi des roses)

Bobonyan : Plus qu'une touche supplémentaire, il s'agit surtout d'une approche différente, puisque le écu n'est pas le même. Après, est-ce que la différence transparaît toujours dans l'oeuvre ? Estimation perso : à 99% oui. Même si on peut parfois avoir un doute, d'autant plus que les femmes utilisent parfois des pseudonymes à la sonorité plus masculine, il suffit en général de lire des mangas d'autrices pour voir et ressentir la nuance. Par exemple, dans Fullmetal Alchemist, la diversité des profils féminins en fait un shônen à part. Dans Adekan, Tsukiji Nao apporte un regard particulier sur le corps masculin, sous presque toutes ses coutures, chose qui ne serait pas imaginable avec un homme. Les exemples sont nombreux, et ça ne servirait pas à grand chose de continuer une telle liste. Après, je ne dis pas qu'une femme réalise forcément des chefs-d'oeuvre, ou des manga meilleurs que ceux de ses confrères masculins. Mais ce n'est pas parce que ces derniers ont plus de visibilité qu'il faut ignorer ou minimiser l'impact des femmes.

Dareen : Je pense que n’importe qui, qu’importe son genre, son âge, son niveau social ou son sexe, peut apporter quelque chose de neuf : son propre point de vue, son ressenti. Une femme va forcément apporter son point de vue féminin, mais simplement sa propre définition de la féminité, de la place de la femme dans la société qu’elle vit, ou qu’elle aimerait vivre, ses aspirations. Mais un homme souhaitant aborder ces thématiques peut également le faire avec autant de justesse et de sincérité, il le fera avec le sien. C’est justement cette diversité de l’être humain qui rend la production culturelle aussi passionnante.

Little Red : Pour ma part, je suis convaincue que non. Une femme, tout comme un homme est capable de faire ressentir des émotions au travers de son coup de crayon, mais également du scénario. S’il y avait une différence notable entre le travail d’une femme ou celui d’un homme, ça se saurait ! Personnellement, preuve qu’il n’y a pas vraiment de différence : avant de répondre à ces questions, je ne faisais absolument pas attention au nombre de femmesmangaka que je lisais ! Ce qui importe bien plus que le sexe du mangaka, ce qui apporte une touche supplémentaire, c’est, je pense, la personnalité. Or, la personnalité n’a ni genre ni couleur.

© Tsukiji Nao (Adekan)

Maruna : C'est une question compliquée, mais finalement pas tant que ça quand on y réfléchi. Pour ma part je dirais qu'homme ou femme, chacun à sa façon de raconter les choses, chacun les montre à sa façon. Il n'y a pas vraiment de différence de sexe à ce niveau mais plutôt d'auteur et artiste, c'est subjectif et ce que j'aimerais chez un tel, sera différent chez un autre. Homme ou femme, peu importe tant que son œuvre nous passionne et déclenche quelque chose en nous !

Meloku : La touche supplémentaire que peut apporter une femme est un vaste sujet mais la première chose à laquelle je pense est la nudité féminine dans les mangas. Qu'on lise du Q Hayashida, du Junko Mizuno, du Asumiko Nakamura ou du Moyoco Anno on voit des corps de femmes nus, représentés sans complexe et surtout sans regard lubrique. Bien sûr il ne s'agit pas d'une généralité, mais heureusement qu'il existe une alternative au regard masculin. Ce n'est qu'un exemple parmi de nombreux autres mais ma réponse est oui, évidemment.

Nathan : Bien évidemment, à peine la question posée, le facteur émotion qu'aurait une auteure par rapport à un auteur entre en jeu. Pour ma part, et au vu des lectures que j'ai eues, je prendrais parti de dire oui. C'est assez compliqué d'expliquer pourquoi tant le facteur d'émotion que l'on ressent est subjectif, mais c'est la plupart du temps des auteures féminines qui m'auront ému à travers leurs œuvres ( Kids on the Slope, Orange, A Silent Voice, Good Ending, Watashitashi no Shiawase na Jinkan), que les auteurs masculins (même si certains en sont plus que capable, Inio ASANO le premier)...

© Anno Moyoco (Sakuran)
Oriane Sidre : Cette dernière question demande effectivement réflexion. Je crois toujours que la différence de sensibilité et de style d’une oeuvre à l’autre tient à une personnalité plutôt qu’à une appartenance à un sexe. Néanmoins, il est difficile, dans le domaine du manga, de comparer les styles en dépit des appartenances au masculin ou au féminin : car beaucoup d’auteures s’illustrent dans le domaine du shojo ; et d’auteurs dans celui du shonen. Il reste des catégories plus clivantes comme le seinen ou le josei, mais on a la douloureuse impression que les femmes artistes ont majoritairement contribué à enrichir les thématiques de la romance, de l’amour et des relations. Voilà pourquoi j’espère découvrir des shojo écrits par des hommes ; et vice-versa, plus de shonen écrits par des femmes (à ce niveau, il en existe). Cependant, au niveau des œuvres sur l’homosexualité (qu’elle soit féminine ou masculine), il y a une avancée plus riche de la part des auteures femmes plutôt qu’hommes. Je pense qu’il y a sur ce sujet une audace plus forte de la part de la création féminine.

Pour finir, juste pour le plaisir, est-il possible de citer quelques autres auteures qui me tiennent à coeur ? Reiko Shimizu : complètement occultée en France, cet auteure des années 2000 a pourtant un très beau style et des récits d’une profondeur psychologique rare. Kazuya Minekura : j’ai hésité entre elle et Arakawa pour la réponse à la question 5. Loin du raffinement, le style de Minekura est brutal, décapant, très viril ! Mais Saiyuki, sa relecture de la légende du Roi-singe, vaut le détour, hilarante et fort divertissante. Saki Hiwatari : comme Reiko Shimizu, son oeuvre est tombée dans l’oubli en France. Mais Please Save My Earth demeure l’une des plus belles oeuvres de science-fiction, très troublante dans son traitement du thème de la réincarnation. Ebine Yamaji : elle est à l’origine d’un très beau manga sur le thème de la famille et des choix sexuels. Son écriture traite avec légèreté de thèmes peu faciles d’accès, et chasse les tabous avec simplicité.



On se quitte sur le sujet (pour le moment car, petit rappel, je reviendrai avec des articles "portraits" plus tard) et avec une question que j'ai trouvée particulièrement intéressante. Un immense merci et plein de bisous à toutes les personnes qui ont joué le jeu. Vous m'avez offert des heures de lecture passionnantes. J'ai adoré travailler sur ce projet avec vous et je suis encore très flattée de votre enthousiasme, encore Merci !! 

4 commentaires:

  1. Merci pour l'organisation de cette semaine, c'était très chouette à lire ! :D

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  2. Cette série d'articles était très sympa. Merci :3
    Les questions étaient pertinentes et les réponses intéressantes ; ça me donne des nouvelles envies de lectures. J'ai encore tellement de bonnes choses à découvrir :o
    Non mais vous allez me ruiner, ahah

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    1. Super, merci de les avoir suivies Tsumiki :D C'est avec plaisir que j'apprends qu'ils t'ont donné de nouvelles idées de lecture hihi

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