Résumé :
Dans le Paris du XXe siècle, Colette est une jeune prostituée, travaillant jour après jour pour satisfaire les désirs de ses clients. Son unique étincelle d'espoir se trouve en la personne de Leon, jeune artiste peintre fauché, dont elle est folle amoureuse ...
Manga :
Et justement, celle-ci va avoir une façon très particulière de représenter le quotidien totalement absurde de ces prostituées qui ne vont pas se contenter de satisfaire les pulsions des hommes, mais vont aussi réaliser leurs fantasmes les plus inavouables. S'ensuit alors une galerie de désirs étranges, parfois dérangeants et surtout sans queue ni tête, portés par des personnages hauts-en couleur mais incompréhensibles. Cela pourrait s'arrêter à cette sorte d'énumération sommaire, mais non. J'aime à penser que l'auteure perfectionne un ton très cynique qu'elle maîtrisait déjà auparavant, tranchant, presque moqueur des fantasmes de ces messieurs. Et là, tout y passe dans la surenchère, donnant un aspect de faste, de surplus à cette maison close. Et il fallait du talent pour me faire accrocher à ce récit qui pourrait se résumer à la réalisation de désirs d'ordre sexuels. Ce côté absurde va considérablement alléger un récit qui aurait pu être bien plus sombre et perturbant.
Memoirs of Amorous Gentlemen se rapproche sur de nombreux points de Sakuran (ceux qui me suivent savent à quel point ce manga m'a marquée). Mais là où les oirans avaient une aura mystérieuse et fascinante, il n'en est rien dans la dernière série de MOYOCO Anno. Ici, les femmes sont juste de simples femmes, se battant, se traînant dans la boue pour survivre, au risque d'en devenir folles. On peut citer la collègue de Colette, Carmen, fuyant une réalité qui détruit peu à peu sa santé mentale. Mais on ne peut pas pour autant dire que l'héroïne a la tête sur les épaules, or, c'est bien en cela qu'elle est intéressante. Désabusée au point de banaliser la perversion de ses clients, elle se persuade elle-même de ne jouer qu'un rôle pour adoucir son quotidien.
Mais là où l'on verra Colette la plus brisée, c'est dans cet amour passionnel qu'elle tente d'entretenir avec Leon, un jeune artiste dont elle finance la moindre envie. Le chapitre le plus étonnant est bien celui où on la voit détruire tout ce qu'elle aurait pu être, par amour, si ce qu'elle ressent à son égard peut bien être qualifié de la sorte. Aveuglée par ses sentiments trop puissants pour qu'elle puisse les contenir, elle va même travailler d'arrache-pied pour éviter que celui-ci aille voir ailleurs. Tout cela pour quelques étincelles d'espoir, comme celui, miroitant, d'un possible rachat. Le personnage de Leon semble également avoir une psychologie intéressante, mais cela, le temps nous en dira très certainement plus. Le cas de l'écrivain asiatique et de la femme (encore un personnage intéressant que j'espère revoir) dont il s'éprends est similaire, tout aussi bien joué. Est-ce mon âme d'incorrigible romantique qui parle quand j'espère un véritable rapprochement entre Colette et celui qui lui donne l'envie d'écrire ?
On sent qu'avec ce tire, Moyoco ANNO se fait plaisir. Le tout regorge de finesse, de dentelle et de lingeries délicates. J'ai également eu l'impression que l'auteure s'était considérablement améliorée au niveau des jeux de regards entre protagonistes. J'aime toujours autant son style inimitable.
On sent qu'avec ce tire, Moyoco ANNO se fait plaisir. Le tout regorge de finesse, de dentelle et de lingeries délicates. J'ai également eu l'impression que l'auteure s'était considérablement améliorée au niveau des jeux de regards entre protagonistes. J'aime toujours autant son style inimitable.
J'aime MOYOCO Anno. Et si vous vous penchez sur son oeuvre (au delà de Chocola et Vanilla, bien entendu), vous l'aimerez surement aussi. Memoirs of Amourous Gentlemen n'est certainement pas la plus accessible de ses œuvres, mais pour les habitués, il s'agit encore d'une troublante réussite. Et il fallait faire fort pour captiver avec un tel thème.
Je précise quand même, si besoin est, que Memoirs of Amorous Gentlement n'est pas à mettre entre toutes les mains !
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