Résumé: "Je suis devenu bouffon. C'était mon ultime demande adressée aux hommes. Extérieurement, le sourire ne me quittait pas ; intérieurement, en revanche, c'était le désespoir."
Ainsi se présente Yozo, né dans une famille riche du nord du Japon, qui veut être peintre, abandonne ses études au lycée de Tokyo pour travailler dans des ateliers, mais s'initie plus vite au saké et aux filles qu'au dessin et à la peinture.
D'amours malheureuses en amours malheureuses, après n'avoir été qu'un médiocre caricaturiste de revues de second ordre, il échoue à vingt-sept ans, malade, tel un vieillard, dans une vieille chaumière irréparable d'où il rédige l'histoire de sa vie, " vécue dans la honte ", et alors qu'il ne connaît plus désormais ni le bonheur ni le malheur.
Anime:
Nom VO: 人間失格
Titre traduit: Ningen Shikkaku
Origines: Japon - Adaptation de roman
Type: Seinen - Drame, psychologie
Studio d'animation: Studio Madhouse
Réalisateur: Morio Asaka
Diffusion: Octobre à Décembre 2009
Episodes: 4 x25 min
Editeur Français: Kazé
Age conseillé: 14 ans+
Mon avis: (source images)
Si vous aimez les récits psychologiques et les ambiances malsaines comme seule l'animation japonaise peut vous en présenter, La déchéance d'un homme est fait pour vous ! Si non, l'oeuvre reste une curiosité de grande qualité qui se regarde avec une fascination inexplicable...
Cette adaptation est tout droit tirée du roman semi-autobiographique d'un grand nom de la littérature japonaise, Osamu Dazai. Ajoutons à cela le projet Youth Litterature, le studio Madhouse et le nom de Takeshi Obata et cela donne une oeuvre aussi bien intéressante sur le plan scénaristique que visuel. Je ne vais pas le cacher, on va dire que ce genre n'est pas ma tasse de thé, mais à ma grande surprise, j'ai été tout de suite prise dans le récit, presque fascinée. Une curiosité malsaine s'empare du spectateur : jusqu'où Yozo va-t-il aller pour trouver un semblant d'humanité ? Jusqu'où sa folie va t-elle l'entraîner ? Ce sont des questions que je n'ai eu de cesse de me poser. On nous entraîne aux côtés de ce jeune homme perturbé durant plusieurs années de sa vie, de l'enfance jusqu'à l'âge adulte, où le protagoniste va connaître bon nombre de périodes troubles, tout comme Osamu Dazai...
Sans conteste, le point qui se fait le plus intéressant pendant ces 90 minutes de long-métrage est le portrait dressé d'un jeune étudiant étrange, Yozo Obata. Tout d'abord vu comme un révolutionnaire qui fuit l'image de jeune homme de bonne famille qui le poursuit, c'est avec sa tentative de suicide qu'il commence à montrer d'autres facettes, des aspects plus sombres. J'ai vraiment trouvé cette scène très bien réalisée. On sentait déjà qu'il avait le mental fragile auparavant et ce n'est qu'à la fin, sans qu'on s'en aperçoive dans un premier temps, que l'on constate que c'est cet événement qui l'a réellement plongé dans la folie. Un événement qui revient d'ailleurs très souvent, plongeant la spectatrice influençable que je suis dans une sorte de malaise constant. Le protagoniste reste difficile à cerner, même après la conclusion du film, mais sa double facette reste marquante. D'un côté frêle, doux et naïf avec les femmes. De l'autre dérangé, perturbé par lui-même, à la fois dégoûté et fasciné par les autres, avec qui il n'arrive pas à se mélanger. On le voit toujours porter un masque, se protéger, tant et si bien qu'on ne sait, au final, plus qui il est. On ne retient surtout que le "monstre" qui se cachait sous son joli visage. Les retours en arrière, judicieusement placés, permettent de le comprendre un peu mieux, de voir les fondements de son instabilité mentale. Le plus fou reste que je me suis presque attachée à ce héros pourtant repoussant. J'avais, aussi bien que lui, l'envie qu'il parvienne à s'intégrer à la société. Un personnage d'une incroyable complexité donc, qu'il me sera difficile d'oublier.
C'est principalement par le biais des femmes qu'il va côtoyer tout au long de sa vie que Yozo se dévoile le plus. Véritables instruments dont il se sert pour "s'humaniser", il était plus qu'intéressant de le voir évoluer à leurs côtés, tant sa personnalité changeait du tout au tout. Aux côtés de Shizuo et sa fille par exemple, Yozo se transforme en homme et en père tout à fait admirable... en apparence. Finalement, il reste lui même (et encore) seulement avec Tsuneko. Il est donc intéressant de voir tous ces aspects de sa personnalité se mélanger, au point que sont identité propre se fait de plus en plus floue. Sa relation avec Horiki était pour le coup tout aussi intéressante. Alors que le jeune homme aurait du être répugné à l'idée de se faire manipuler de cette façon, il semble se complaire dans cette "amitié" qui n'en a que le nom. Difficile de réellement caractériser le duo, ainsi que le personnage de Horiki, aussi dérangé que Yozo.
Là où le long métrage parvient à nous mettre mal à l'aise, c'est bien avec son ambiance très particulière. Avec son jeu de couleurs très agressives, l'animation se fait immédiatement unique, reflétant bien l'instabilité de Yozo. L'idée du petit monstre qui le suivait partout était bien trouvée. C'était à la fois amusant d'une certaine manière et révélateur de sa folie. Comme toujours avec le studio, l'animation et le chara-design sont de qualité, donc un style réaliste agréable. J'ai été saisie par la qualité de certaines expressions d'ailleurs. Ce n'est pas souvent que je le remarque, mais le seiyuu qui interprétait Yozo était très talentueux également.
Après avoir visionné le film, je vous invite grandement à faire le parallèle entre la vie de Osamu Dazai et celle de son personnage. Ce n'est qu'à titre anecdotique, mais j'ai personnellement trouvé cela très intéressant et révélateur sur le mental de l'écrivain.
Avec son ambiance étrange et son héros dérangé à souhait, La déchéance d'un homme est une oeuvre atypique et poussée sur le plan psychologique. C'est assurément une curiosité à découvrir.
Au final...
▲ Un héros très poussé, dérangeant
▲ Une belle description psychologique
▲ Une ambiance très particulière, avec des couleurs très vives
▲ L'animation de Madhouse, de très belle qualité
▼ Le tout reste difficilement accessible et met parfois mal à l'aise sans que l'on puisse l'exliquer
Ma note...
Histoire |
16/20 |
Psychologie |
18/20 |
Personnages |
17/20 |
Visuel |
17/20 |
Soit un total de 17/20
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C'est un excellent anime à voir dans la série Aoi bungaku Series. C'était le premier scénario et celui qui m'a le plus impacté. Il faut vraiment aimer l'ambiance dramatique de cette série.
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