jeudi 23 août 2018

Challenge Manga Suki : Juin
Partie I


En juin (oui, je sais que l'on est fin août..), je vous proposais avec mon petit challenge de se mettre au sport, mais également de rechercher une discipline moins médiatisée, ou du moins peu représentée dans les mangas. En ressort plusieurs jolies découvertes, dont des textes passionnants écrits par des passionnés dont on ressent l'amour pour le support comme le sujet. 

Bonne lecture, je vous laisse avec cette première fournée : 


Si l'envie d'évoquer Real, l'un de mes mangas préférés, m'a démangé lorsqu'il a été question de choisir une œuvre sur un sport méconnu, c'est vers un autre titre que je me suis finalement tourné. Avec l'écrasante chaleur estivale, j'ai rangé la série concernant le handi-basket au fond de ma bibliothèque afin de trouver une discipline plus fraîchissante. Il restait dans mon choix la montagne ou la mer. Le second me parlant davantage, je me suis jeté sur un manga plaçant la plongée sous-marine en son cœur : Amanchu. Avant même qu'il ne soit publié en France, je l'attendais avec une énorme impatience. La raison ? C'est un manga de Kozue Amano, autrice merveilleuse à qui l'on doit le sublime Aria, ainsi qu'Aqua. Je partais déjà conquis quand bien même l'univers de science-fiction regorgeant de coins aussi doux que mystérieux ne serait plus là. À la place, la mangaka nous promet d'explorer les fonds marins, ce qui est en somme tout aussi inconnu.

Si Amanchu donne clairement l'envie de se mettre à la plongée, le sport n'est pas le seul intérêt du manga. C'est une œuvre avant tout positive qui véhicule de bons sentiments à travers la rencontre entre Teko et Pikari. La première a tendance à se laisser aller à la déprimer, à abandonner ce qu'elle entreprend. C'est lorsqu'elle fait la connaissance de l'enthousiaste Pikari qu'elle prend confiance en elle. Se laissant entraîner par la pile électrique, elle découvre le monde de la plongée et trouve la motivation nécessaire pour aller au bout de sa nouvelle passion. Le relation n'est donc pas uniquement basée sur la discipline, puisque le manga de Kozue Amano est une ode à la vie. En prenant des situations attristantes comme la peur de manquer ses vacances, la mangaka nous montre comment les renverser, souvent à travers le personnage de Pikari et sa débordante envie de s'amuser. Devant la crainte de la page blanche, elle nous propose un autre regard : il ne faut pas avoir peur de ne rien faire mais être heureux d'avoir des choses à réaliser. Des messages dans ce genre, on en trouve tout le long d'Amanchu. Ils peuvent paraître enfantins et même naïfs mais ils sont si bien mis en scène par l'artiste qu'on a envie d'y croire. La bonne humeur de Pikari est contagieuse, jusqu'à nous, lecteurs, qui nous sentons bien grâce aux aventures des petites plongeuses.

Comme c'était le cas pour Aria, la nouvelle série de Kozue Amano brille également pour son ambiance et ses décors. La lecture est rendue très agréable par son rythme laissant une grande place à la contemplation. À travers son manga, l'autrice nous pousse à être attentif à la beauté du monde qui nous entoure, et c'est sans doute pour cela que le thème de la plongée sous-marine sied parfaitement à l'œuvre. Mais même en dehors des fonds marins, la nature a son importance. C'est notamment le cas lorsque Pikari profite de la saison des pluies, pourtant déprimante pour tout le monde, afin de prendre le train juste pour y observer une fleur qui ne pousse qu'à cette période. Définitivement, Amanchu est un manga qui fait voir le monde autrement, avec une once de positivité et surtout beaucoup de douceur. Dans la pure lignée d'un Yotsuba - ma référence du genre -, c'est un manga qui rend heureux.

Champion japonais de danse latino-américaine, Suzuki Shinya a choisi de rester à l’écart des concours internationaux. Peu intéressé par la compétition, réussir à vivre de son art lui suffit. Cependant, il éprouve aussi un mélange de colère et de fascination vis-à-vis de Sugiki Shinya, l’éternel second du championnat du monde de danse standard. Lorsque ce dernier lui propose de participer au tournoi international 10-Dance, qui demande aux participants de maîtriser cinq danses standards et latinoaméricainesSuzuki commence par refuser. Mais poussé par les provocations de l’autre danseur, il décide de relever le défi ! Ravi, Sugiki accepte sa décision tandis que Suzuki regrette déjà d’avoir répondu trop vite… 

Accompagné de sa partenaire Tajima AkiShinya va découvrir la danse standard en suivant l’entraînement strict d’un professeur très différent de lui. Les deux hommes ont beau avoir le même prénom, ils semblent chacun incarner leur danse de prédilection. De prime abord, Sugiki se montre froid et peu expressif, quand il ne se cache pas derrière un sourire de façade. C’est un maître sévère et sa façon d’enseigner déstabilise son élève. Depuis son plus jeune âge, Suzuki a appris à bouger instinctivement sur la musique. D'un caractère emporté, il dit ce qu’il pense avec franchise et ne dissimule pas ses sentiments. La danse latino lui permet de révéler toute sa sensualité, au point qu’un tel sex-appeal perturbe au départ Sugiki

Même si les deux Shinya s’accordent aussi bien que l’eau et le feu, un lien paraît se développer entre eux. Suzuki suit depuis plusieurs années les prouesses de Sugiki, ce qui ne l’empêche pas de trouver son nouveau partenaire insupportable. De plus, il rencontre de grandes difficultés dans son apprentissage de la danse standard. Pourtant, lorsqu'il parle de renoncer au 10 Dance, Sugiki refuse obstinément son départ. Il est difficile de deviner ce que ce Shinya très réservé a en tête. C’est à travers les propos de ses proches, comme sa partenaire Yagami Fusako, que l’on comprend ce qu’il ressent et ce qu’il cherche à atteindre. Au fond, il est tout autant passionné que Suzuki et, dans un autre genre, sa danse est aussi éloquente que la sienne.

Inoue Satou a apporté beaucoup de soin au tracé des corps, étudiant chaque mouvement des danseurs. La position des mains, très importante pour la danse standard, est dessinée avec une grande précision. Sous son trait, le déhanchement caractéristique de la danse latino montre ses côtés les plus sensuels. Par leurs postures, les couples emportés par la danse dégagent de l’amour, du désir ou de l’agressivité quand les choses se passent mal. Le jeu des regards est aussi vital que celui des gestes. C’est peut-être par ses yeux que Sugiki s’exprime le mieux, même si l’on ressent encore sa retenue dans les moments de tension. C’est d’ailleurs son regard qui bouleverse complètement Suzuki lors d’une scène de danse inoubliable.    

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Quand j'ai vu le sujet, j'ai commencé à pâlir. Déjà, parce que les mangas de sport, même si j'aime bien en général, c'est pas ce que j'ai le plus. Puis je me suis souvenue de l'existence d'Ascension. J'avais lu le tome 1 il y a bien longtemps, sans continuer. Sauf qu'entre temps, j'ai commencé l'escalade. Est-ce un sport peu connu ? J'ai tendance à dire oui : même si grimper semble à la porter de n'importe qui (enfin presque, je fous n'importe qui dans une 6b, ça va pas faire le fier), le sport en lui-même est complet, avec des épreuves que personne ne connaît (si je vous parle de grimpe de difficulté, de vitesse et de bloc, vous me suivez?). Alors, certes, Taniguchi en a aussi parlé dans Le Sommet des dieux, mais passons. Je prends quand même le risque de penser que c'est peu connu !

Dans ce manga, les choses se mettent très rapidement en place : à peine arrivé, Mori, un adolescent taciturne, va devoir grimper la façade du lycée, suite au défi lancé par Miyamoto, énervé par son comportement. Sauf qu'il va y arriver. Et cela va même provoquer chez lui une véritable passion, que dis-je, une rage, de l'escalade. Cette rage est parfaitement retranscrite par le dessin de Sakamoto Shinichi, avec des mises en pages hallucinantes dès le premier volume. Le trait est fin, extrêmement expressif, dynamique, d'une qualité impressionnante, bref, parfait pour un manga du genre. Les détails sont extrêmement précis et travaillés, notamment au niveau des mains (indispensable à tout grimpeur), mais aussi des muscles (principalement dos et bras dans ce volume), et du paysage. On a vraiment l'impression d'y être, et on vit la passion naissante de Mori, ainsi que sa fusion petit à petit avec ce nouvel élément. Il est totalement captivé par ce nouvel environnement. Et surtout, on a l'impression de sombrer avec lui (ou alors c'est parce que je connais déjà ce sentiment).

Comme vous l'avez compris, la découverte de l'escalade est au cœur du premier volume. Il se pourrait d'ailleurs que vous soyez un peu perdu comme lui : les termes spécifiques au milieu pleuvent dès le début. Mais ne vous inquiétez pas, un petit dictionnaire est disponible à la fin (ce qui peut être un peu gênant, puisqu'il faut jongler entre la fin du volume et la lecture en cours) ! La passion vire à l'obsession très rapidement : tout ce que Mori veut, c'est grimper, grimper, grimper. Sa vie est en danger ? Tant pis. Une montagne en particulier l'obsède, et il veut absolument arriver au sommet. On comprend vite que la grimpe va devenir vital pour lui. La suite ne peut qu'être passionnante, surtout pour tous les amoureux de ce sport et de la montagne.

Bien évidemment, ce n'est pas parfait. On a quelques gros clichés. Le héros est un beau jeune homme ténébreux, Miyamoto est une brute jalouse, le prof est comme de par hasard un grimpeur d'exception.... Mais ça ne choque pas plus que ça, ça fait juste légèrement réagir. On peut remercier la capacité de Sakamoto à transmettre des émotions. On veut vite connaître la suite, on veut savoir comment Mori va évoluer. Sa passion nous est parfaitement transmise.

La lecture est un véritable plaisir, mais ça va presque trop vite. J'ai hâte de pouvoir me procurer la suite un jour, et je ne peux que vous y encourager.


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À la base je voulais parler de l'équitation avec Jumping de Tsutsui Asahi mais, j'avais en moi le doute de savoir si oui ou non l'équitation était représenté comme un sport connu dans les mangas. Pas certaine de mon choix, je le gardait bien au chaud pour ce mois sous le signe de l'été. De toute façon, il était fort de se l'avouer mais, à mon plus grand désespoir je n'avais pas d'autre titre pour l'occasion. Non pas que je ne vous recommande pas Jumping, bien au contraire cependant, j'avais envie de parler d'autre chose. C'est ce titre que je vous présente aujourd'hui qui a décidé par miracle de se mettre sur ma route, après toutes les éloges que j'entendais à son sujet... Je parle bel et bien du Chant des Souliers Rouges de Mizu Sahara !

Les doutes se sont envolés quand le sport au centre de l'oeuvre se voit être le flamenco ! Ce que je crains plus actuellement, c'est surtout qu'au vu de l'actualité de celui-ci, je ne sois pas la seule à vous en faire des louanges... Au fond, ce n'est peut être pas si mal !

La scolarité au Japon est bien connue pour être un terrain glissant, surtout pour des jeunes qui se découvrent. L'équilibre pour se tenir dans la normalité que les autres attendent de nous est si fragile. En un instant, l'élève peut basculer du côté des victimes, mal vu de ses camarades pour une simple différence. La cruauté et cette absence de tact chez les enfants frappe de plein fouet pouvant en une phrase, un mot... Ruiner une scolarité entière, une vie.

Kimitaka aime le basket, il est endurant mais, son manque d'habilité le rattrape tout comme ses amis à qui il avait si fièrement transmis tout son savoir. Forcé de reconnaître que ses amis sont meilleurs que lui le jeune homme se renferme sur lui même. Parallèlement, Takara Fujimoto voudrait faire du flamenco, mais pour les autres son apparence de Kappa est inadapté pour pratiquer cette danse. Tous deux la confiance au plus bas vont se rencontrer pour la première fois sur le toit de l'école prêts à jeter les chaussures rouges du sport qu'ils aimaient tant. Les deux adolescents se proposent d'échanger leur chaussures afin de se promettre un nouveau départ, plus rayonnant.

Malgré cet échange, c'est le destin de Kimitaka qui est mis en avant en grande majorité le long de l'oeuvre. Ce personnage rencontre une plus grande difficulté à se réadapter au monde qui l'entoure. Avec une grande volonté, il avance, il n'a pas pour vocation de devenir le plus grand danseur de Flamenco, il veut juste goûter de nouveau au bonheur et vivre heureux avec le flamenco pour allié. Sur son chemin, Kimitaka rencontre de nouvelles personnes en difficulté et ensemble à leur façon, ils se tirent vers le haut. Une joyeuse bande de loosers, mais cette belle brochette aussi n'a pas de raison de ne pas pouvoir vivre heureux. Le sport est un support dans l'oeuvre, la relation et l'évolution des personnages est à mettre au premier plan.

Pour couronner le tout, le trait de Mizu Sahara est à tomber par terre. J'en suis amoureuse. En particulier sa façon de dessiner les cheveux chez la gent féminine, les longues coiffures s'apparente à un splendide bouquet de fleur. Son utilisation des trames est dessinée elle aussi et ne se contente pas de remplir un line. Le tout avec un cadrage qui respire, permettant une lecture fluide. Le sixième et dernier tome sort dans les jours qui vont suivre, vous n'avez plus aucune excuse pour ne pas vous lancer.



Après quelques mois d’absence, je suis de retour ! J’ai tout de suite su quel titre je voulais aborder pour ce mois de juin et son thème du sport ! Une série qui me fait de l’œil depuis longtemps à cause de ses magnifiques couvertures : Chihayafuru ! (en cours de parution chez PIKA, depuis 2013, avec 25 tomes).

En sixième, la petite Chihaya fait la connaissance d'Arata, un nouvel élève qui vient de Fukui. C'est un jeune garçon mature et peu bavard qui cache un talent tout particulier : il excelle à un jeu appelé karuta, qui regroupe les cent poèmes traditionnels du Hyakunin IsshuChihaya est très impressionnée par sa capacité à ramasser les bonnes cartes en une fraction de seconde, avec une ardeur inégalée. Mais de son côté, Arata est cloué sur place par la disposition naturelle que semble présenter Chihaya vis-à-vis de ce jeu... Plusieurs déterminations très fortes vont se croiser au sein de ce récit qui prend sa source au beau milieu de l'enfance !

J’avoue avoir lu ce premier tome, il y a quelques temps, pour assouvir ma curiosité avant de me rendre compte de la dimension sportive du titre. Le karuta est selon Wikipédia : « basé sur la compilation de poèmes Hyakunin isshu, et un jeu traditionnel du premier de l'an au Japon. Ce jeu est basé sur la mémoire : un orateur lit la première partie d'un des cent poèmes constituant le Hyakunin isshu et les joueurs doivent être les plus rapides à trouver la carte correspondant à la deuxième partie parmi les cent cartes placées entre eux. ».

La pratique du karuta demande énormément de concentration, de mémoire et une bonne condition physique afin de faire fonctionner au maximum les deux conditions précédentes. L’entrainement, entre match et mémorisation, se rapproche de celui des échecs ou du shogi (échecs japonais), entre match d’entrainement et études (mémorisation des poèmes/études des stratégies aux échecs). Cela demande une certaine assiduité propre à la pratique sportive ! Il est d’ailleurs considéré comme tel au Japon avec ses compétitions, titres, et clubs. 

Ce tome s’ouvre sur une scène dans le présent avant d’effectuer un flashback qui durera tout le premier tome. Il permet ainsi de planter le décor et les bases du récit. On y découvre l’origine de notre héroïne, son histoire et son caractère qui la mènera sur le chemin du karuta.

L’histoire se centre très vite sur la force de caractère et le sens de l’amitié de Chihaya. Et je me suis par moment retrouvée dans cette héroïne. Ayant pratiquée pendant près de 10 ans l’équitation en club (et particulièrement le saut d’obstacles), je me suis vite revue enfant avec mes amis au sein du club à se soutenir sans faille. Cette jeune fille qui donne tout pour soutenir ses amis, me rappelle énormément l’entraide et le soutient que l’on distribuait à qui en avait besoin, retroussant nos manches pour aider les autres et les faire progresser.

La promesse de ce premier tome est forte. Les dessins sont beaux et soignés, l’histoire donne envie, même si pour moi ce premier tome est un prologue à la série qui s’annonce et me laisse un peu sur ma faim, les personnages sont bien introduits et leurs caractères vite identifiables. Ce premier tome est, malgré tout, efficace et je me laisserais bien tenter par cette série si mon compte en banque ne m’en voulait pas déjà de trop. Si l’occasion se présente en seconde main, pourquoi pas investir dans l’aventure du karuta !



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